Informations Générales
«L’usine à gaz » devenue temple de l’art Fin des années soixante. Paris sort d’une période houleuse et la société amorce un changement radical, se libérant de codes de conduite et de modes de pensée poussiéreux et immobilistes. L’écrivain et ministre André Malraux a classé le Marais pour y empêcher toute construction qui défigurerait le quartier, contraignant ainsi une bonne partie du 4e arrondissement à rester figée dans le temps.
AGNES THURNAUER-Portraits Grandeur Nature,
2007-2009 Georges Pompidou, grand amateur d’art moderne, décide pourtant de faire évoluer Paris en la dotant d’un « centre d’arts extraordinaire », et par sa taille et par sa mission pédagogique et culturelle. Le centre ouvre en 1977, trois ans après la mort du Président, et s’attire tout de suite les foudres de la presse et de la population. Son enchevêtrement de tuyaux, de cheminées (clins d’œil à l’industrie navale) et de structures multicolores, jure dans le paysage architectural classique parisien. « L’usine à gaz », dont on dit que les travaux n’ont pas l’air finis, se dresse pourtant fièrement dans son enveloppe de métal, de béton et de verre sur son esplanade, la « piazza ».
Steak House Et puis c’est le succès. Le centre Pompidou devient rapidement un haut lieu de culture et on se presse de partout pour y admirer des œuvres qui enchantent et/ou interpellent. Il y a tant de monde qu’il faut rénover le centre en 1997. En 2000, il rouvre ses portes avec 2000m² d’espace d’exposition supplémentaires, une programmation qui s’enrichit au fil des saisons et un total de 60 000 œuvres acquises et stockées dans les sous-sols.
Aujourd’hui deuxième musée d’art contemporain au monde après le Moma de New York, et premier en Europe, le Centre National George Pompidou accueille chaque année plus de 6 millions de visiteurs. Depuis sa création, plus de 190 millions de personnes ont pu admirer ses expositions temporaires ou permanentes ! Drôle de destin pour cette cité artistique au cœur de Paris, au succès inattendu, devenue un endroit-phare de la capitale.
Organisation des espaces et esprit des lieux
La piazza fait partie du centre et a été délibérément laissée au public lors de la construction du site. Elle recouvre les stocks des œuvres et offre un espace de détente aux visiteurs et aux Parisiens qui y viennent faire une pause, se réchauffer au soleil, manger un sandwich ou lire. Le bâtiment s’élève sur 6 étages. Au rez-de-chaussée, on trouve à côté des guichets le Forum, lui aussi public, avec sa librairie, son café et son bureau de poste, recréant ainsi une ambiance revisitée de place de village.
PIERRE SOULAGES 1999, 324x181 Le premier étage est composé de la galerie Sud destinée à des expositions temporaires, l’espace 315 correspondant aux 315 m² d’exposition offerts aux jeunes artistes lauréats de grands prix, une salle de cinéma et une partie de la Bibliothèque Publique d’Information (la BPI). Les 2e et 3e étages accueillent la BPI. Le 4e étage est consacré au salon et aux galeries du musée et aux collections permanentes, qui se poursuivent au 5e étage. Enfin, au 6e et dernier étage on découvre les galeries 1, 2 et 3, les plus importantes qui accueillent les plus grosses expositions, à côté d’un restaurant et d’une librairie (il y en d’autres à différents étages). On accède aux niveaux en empruntant les escaliers à l’intérieur ou bien des escalators extérieurs formant une « chenille » et desservant chaque étage au niveau de terrasses-coursives qui offrent une vue à couper le souffle sur Paris.
Le centre Pompidou est un lieu plein de formes et de vie. L’endroit est grandiose et impressionnant, mais il a su garder une âme et des dimensions à échelle humaine, une part de secret qui lui est propre par le biais de salles cachées et de renfoncements, comme autant de petites chapelles que la mise en lumières, les arrangements sonores et les rideaux rendent très intimes. Le centre a été conçu comme un endroit vide destiné à abriter des expositions. Mais ses espaces sont modulables au gré des installations, des ambiances, permettant ainsi aux visiteurs de ne pas se perdre dans les méandres d’un art parfois difficile d’accès. Ici, les arts modernes et contemporains deviennent presque familiers, tout en prenant de court ou en choquant parfois, dans un espace d’expérimentation artistique, d’ouverture et de curiosité. Le centre invite à la découverte, en toute confiance, et incite à approfondir ses propres interprétations émotionnelles. Le soin apporté aux accrochages, à l’éclairage, à la disposition des œuvres, aux commentaires imprimés sur les murs, à la forme donnée aux salles, est apaisant. Les œuvres parfois violentes ne sont jamais agressives car l’œil, l’esprit et le cœur sont conditionnés pour les appréhender de façon sereine et posée.
MAN RAY-Lee Miller-1929
Dans les salles, galeries et salons, l’absurde côtoie le futile, le sublime est voisin de la laideur, le réalisme se fond dans le lyrisme et l’abstrait, dans une symphonie d’images et de sons véhiculés par des supports media pluridisciplinaires.
Pour bien profiter des lieux, le visiteur doit s’approprier les salles en prenant le temps d’observer, de marcher. Il faut éviter de vouloir tout faire, le contenu est bien trop dense et diversifié. Une exposition de peinture appellera une vitrine de design, qui fera le lien avec une galerie photo, une installation faite de sculptures ou de montages, avant de laisser la place à un spectacle de danse, une performance scénique, une projection de film… Il faut choisir son ou ses exposition(s), prendre le temps de s’y rendre, et savourer. Le succès aidant, des files d’attente impressionnantes se forment dès l’ouverture lorsqu’une exposition prestigieuse est programmée (l’exposition Kandinsky a en effet attiré plus de 700 000 visiteurs à l’été 2009). Pourquoi ne pas attendre un peu et profiter d’une fin de journée plus calme et moins bondée pour apprécier les lieux et flâner au gré de ses envies ? De plus, Paris ne sera pas en reste s’il s’agit de vous faire rêver en vous offrant ses plus beaux atours à la lumière du jour déclinant.
Audrey Bonnet
Publié le 29/10/09
Crédits photos : © Centre Pompidou, Philippe Migeat, 2009 / © Adagp, Paris 2009 / © Man Ray Estate/ The Penrose Collection, England, 2009 / © MAN RAY TRUST/ADAGP, Paris 2009 / © Isabelle Meister