Informations Générales
La grandiose
Le projet fou d’ériger une tour métallique de plus de 300 m de haut au cœur de la capitale est né de l’esprit de l’ingénieur Gustave Eiffel à la veille de l’Exposition Universelle de 1889. Après avoir remporté le concours du pavillon français pour l’événement, il put lancer les travaux en janvier 1887 pour inaugurer son œuvre le 31 mars 1889. De mémoire de parisien on n’avait jamais vu ça. Le monument provoqua une vague de réactions à la hauteur de sa structure et tout le monde se passionna pour cette concrétisation terriblement novatrice. Vitrine du dynamisme industriel français au cours de l’Exposition, l’œuvre attira la légion d’honneur à son fondateur mais également les foudres de détracteurs qui s’insurgèrent contre la conservation de ce « monstre conquérant du ciel », selon les mots de Sully Prudhomme, « cauchemar inévitable et torturant » de Guy de Maupassant. D’autres artistes, comme Alexandre Dumas et Leconte de Lisle allongèrent la liste des opposants à la « Dame de Fer », alors perçue comme une cicatrice, une balafre défigurant le paysage parisien. La Tour est donc passée tout près du déboulonnage à l’issue de l’Exposition. Mais sa forte fréquentation (plus de 2 millions de visiteurs tout au long de l’événement) et le plaidoyer d’Eiffel pour sa conservation et son utilisation comme antenne radiophonique monumentale eurent raison des mauvaises langues.
Grand bien lui en a pris : à l’orée du XXe siècle, la structure devient une antenne de communication à longue distance avec l’accord des autorités militaires, puis abrite une station radio permanente. Grâce à ce dispositif, des expériences en télécommunication sont menées avec succès et en temps de guerre, des messages ennemis sont interceptés.
Sa vocation de relais se poursuit aujourd’hui avec l’installation d’une dizaine d’antennes, dont un mât de télévision qui la fait culminer à 324 m.
La Tour Eiffel sera d’ailleurs la plus haute tour du monde jusqu’à ce que le Chrysler Building de New York vienne la détrôner en 1930.
L'icône
La victoire de la Tour sur ses détracteurs finalise sa sacralisation par de nombreux artistes qui se plaisent à représenter son insolente modernité et sa poésie contemporaine et urbaine. Jean Cocteau en fait une figure ondulante et aérienne dans ses esquisses, Charles Trénet chante la joie alors que « la Tour Eiffel part en balade », Vicente Huidobro la transforme en « guitare du ciel » et Maurice Carême lui fait chanter « La nuit, je lèche les étoiles / Et si l’on m’aperçoit de loin / C’est que très souvent j’en avale / Une sans avoir l’air de rien ».
Les cinéastes et les publicitaires en ont aussi fait un élément de choix dans leurs décors, allant parfois même jusqu’à la placer au centre de l’œuvre comme ambassadrice de la marque, de la capitale et de la France. Il n’est pas rare qu’une bande-son teintée d’un air d’accordéon gai ou nostalgique vienne agrémenter ces images éternelles d’un Paris parfois suranné où le temps s’est arrêté pour laisser la place aux rêves et aux flâneries.
Les peintres et photographes se pressent de partout aux pieds de la Tour et dans ses environs proches pour en capturer la beauté atypique sublimée par la forte symbolique qu’elle a acquise. Pour le Parisien, elle fait partie du décor, et même s’il se donne des airs blasés, voire désabusés, elle lui est indispensable.
Véritable sentinelle de Paris, il y a longtemps qu’elle s’est débarrassée de son simple statut d’appendice de métal pour rayonner comme icône du glamour et du chic parisien, fantasme ultime des visiteurs du monde entier. Chaque année ils sont plusieurs millions (près de 7 millions en 2008) à gravir ses marches ou emprunter ses ascenseurs jusqu’aux plateformes pour profiter d’une vue grandiose sur Paris. La Tour Eiffel se décline en boule à neige, aimant, mug, presse-papier, pendentif et autre sac à main. Mais comme il est en réalité impossible d’en ramener un bout, les yeux et le cœur se chargent de graver ces images dans les mémoires.
Vidéo de présentation
La coquette
Pour séduire et impressionner sa cour, la belle doit se parer de ses plus beaux atours en se pomponnant et en se glissant tous les 7 ans dans une nouvelle robe, aujourd'hui couleur « brun Tour Eiffel ».
Il lui faut 18 mois et 60 tonnes de peinture pour se refaire une beauté sans jamais être fermée au public. Et il faut bien ça pour couvrir ses 250 000 m² de surface ! Madame est imposante, Madame se donne les moyens d'éblouir. Plusieurs campagnes d'embellissement lumineux ont été lancées au cours des années. C'est André Citroën qui inaugure la mise en lumières de la Tour entre 1925 et 1936. Puis 1985 voit l'arrivée de l'habillage doré actuel. L'entrée dans le XXIe siècle a été célébrée par une nouvelle tenue : un scintillement de 5 minutes accompagnant les deux faisceaux au sommet qui illuminent le ciel de Paris. A l'origine spectacle ponctuel, il fut décidé de le maintenir. Ainsi tous les soirs, dès la tombée de la nuit jusqu'à 1h ou 2h du matin selon la saison, la Tour crépite et pétille de mille feux.
Sa garde robe est très variée : tenue rouge pour le Nouvel An chinois en 2004, aux couleurs de l'ovalie lors de la coupe du Monde de Rugby en 2007, à celles de l'Europe en 2008.et ça continue. En effet, à l'occasion de la célébration de son 120e anniversaire tout au long de l'année 2009, un spectacle de 12 minutes suit les 5 minutes de scintillement traditionnel d'octobre à fin décembre toutes les heures de 20h à 23h. Les effets stroboscopiques, les ondulations, les mélanges de couleurs et les projections d'images se succèdent pour évoquer la magie de Paris et faire de la Tour Eiffel un point de repère sublime et universel.
Audrey Bonnet
Publié le 29/10/09
Crédits photos : © SETE – illuminations : P. BIDEAU - Photographe Christian BAMALE / © Collection tour Eiffel