- Intro
- La côte Ligure
- Rencontre avec Jan en Toscane
- Sienna, un bout d'Ombrie et l'arrivée à Roma
- Visite romaine
- En route vers Saint Pierre!
- Le trio tryptique vers l'Adriatique
- Interlude maritime
- Hellas seul en Grèce!
- Perdu, et pas de fil...
- L'épicière de Dorkada
- Sur les pas d'Alexandre...
- La ville monde, l'entrée dans Istanbul
- Le Tour d'Istanbul
- Ligne d'arrivée
Intro
Au départ était une route...
Comment est venue cette idée de la route de la soie ? Par une lecture, des rêves de voyages, d’ailleurs ? Pourquoi cette destination ? Tant de questions, peu de réponse peut-être tout simplement trouver son chemin à travers les multiples routes de la vie, se chercher, se trouver, se retrouver et retrouver les joies de l’aventure sur mon cheval. Peut-être aussi un désir d’éternité. Quand on voyage, on sort de la vie ordinaire, on est un peu hors frontières, un peu entre deux eaux, un peu entre deux mondes C’est le début de cette route de la soie que je vous invite à découvrir, cette route que j’ai tissée fil après fil, jour après jour, étape après étape, rencontre après rencontre de Grenoble à Rome, de Rome à Istanbul en passant par la France, l’Italie, la Grêce et la Turquie, et 23 étapes : Aspremont, Digne, Nice, Albenga, Santa Margherita, Marina di Pietra Santa, Colle di Val d’elsa,, Orvieto, Roma, Castrociello, San Giorgo di Sanio, Candela, Bari, Patra, Delphi, Stylida, Larissa, Thessaloniki, Serres, Chryssoupoli, Alexandroupoli, Malkara, Istanbul …
La route de la soie
Cette route, ou plutôt ces routes, étaient empruntées pour tous les échanges commerciaux entre l'orient et l'occident. Elles furent également des voies d'échanges culturels et religieux. Bien que ces routes aient une existence vieille de plusieurs millénaires, l'expression "route de la soie" ne date quant à elle que du XIXème siècle ; on la doit à Ferdinand von Richthofen, géographe allemand.
Première partie: De Grenoble à Roma
GRENOBLE – NICE
Cette première partie avec l’appréhension du départ s’est déroulée comme prévue en 3 étapes dont les 2 premières faciles.
GRENOBLE - ASPREMONT
Unique difficulté, le col de la croix haute et puis on se laisse aller dans une descente rafraîchie par un bon vent du nord.
ASPREMONT - DIGNE LES BAINS
Ca descend et le vent qui me pousse, à midi j’arrive à Digne ! De Digne les Bains à Nice étape montagneuse en passant par le magnifique plateau de Gréolières et l’arrivée éreintante sous la chaleur à l’auberge de Jeunesse du Mont Boron..
Vendredi 27 juin, le tract, le stress, la pétoche avant de partir. Les premiers tours de roue. Les sacoches bien accrochées, un peu plus lourde (12 kilos !) Les fidèles compagnes. Déjà chaud, en montant vers Monestier, un passage à l’ombre, de l'air au col du Fau, des encouragements, des filles partent en vacances dans une voiture et je bascule dans les méandres de cette belle route panorama sur les Ecrins, l’Obiou, les Dolomites de l'Est du Vercors, Saint-Michel les Portes, le week-end avant, j'en avais déjà plein les pattes, le fameux café de Grenoble Nice. Un peu moins froid aujourd'hui ! Petite halte au col de la Croix-Haute. Du vent, ça se couvre. Que ça fait du bien de refroidir le moteur. Je bascule à nouveau, poussé par un bon vent dans le dos. Les lignes droites du Buech. Les hautes herbes ondulées par le vent. Aspres sur Buech et en un rien de temps l'hôtel du Grand Buech avant Aspremont.
Accueil sympa, familial. Chambre donnant sur un jardin et le Buech à côté. De l'autre côté, un autre fleuve de voitures qui font entendre leur bruit sourd. Un peu de vent, moins chaud que prévu, me dit la patronne en me faisant visiter la chambre. Emporté par le Buech. Je pique une tête enfin allongé dans l'eau pas si froide que ça. Un tour au O’Becassier, un bar du centre du village mi extérieur sous les canices. Il me manque un compagnon pour ne pas me poser la question, pourquoi je suis parti dans cette aventure ? Fais-je parti comme le chien qui vient me voir des bécassiers ?
Samedi 28 juin, grand beau, les oiseaux qui piaillent dans le jardin. Le patron aussi qu’on n’arrête pas avec ces sentences. Monsieur., je vous affirme ceci, vous vous trompez. Ou « comment ? » De sa grosse voix péremptoire. Comme hier soir, seul à me faire servir par lui comme un prince, seul dans la salle face à eux, elle faisant des jeux et lui à côté me déballant toutes ces certitudes de vieil homme sage faisant sa leçon. Au revoir donc à ce vieux couple qui continue son train train comme s'ils ne s'étaient pas aperçus qu'il n'y avait plus personne qui s'arrêtait dans leur auberge. Arrêt à la fontaine du village et c’est partie. Le vent se lève et je gonfle les voiles. Les lignes droites de Serres jusqu'à Laragne lancent bien l'allure. Sisteron, citadelle, il y a un an, on a retrouvé le sourire en même temps que le soleil. Château Arnoux, toujours bonne allure sous les platanes qui me font cortège. Arrêt au-dessus du barrage sur la Durance qui s'en va en gros flots plus loin, les Mées au fond, les pèlerins repliés dans un coin me regardent passer. Ca file toujours vers Digne qui m'aspire. Mallemoisson. Petite odeur de citron ? Une odeur fraîche et pénétrante en passant. Grande route un peu pénible avant Digne-les-Bains. Le marché, l'animation, cinq melons pour quatre euros, quelques abricots et une pêche pour moi. Hôtel, c’est route de Marseille, me répond le vélociste. Il faut revenir sur mes pas. 3 km environ, pas bien méchant. Pas la même ambiance, le Campanile par rapport au familial hôtel du Buech. Deux lits jumeaux, il manque toujours mon compagnon. Il faudrait peut-être l'inventer. J'attache mon vélo autour du tronc d’un pin. On dirait qu'ils s'embrassent. Tour au centre commercial. Un Libé, un demi dans un lounge en voyant passer les gens avec leur caddie. C'est samedi. Dépêchons-nous. La messe du samedi, il ne faut pas le rater !
Dimanche 29 juin, sur la route du temps, le train des pignes, le train qui prend le temps. Champ de sauges ? En fleur. C'est ça qui sent si bon ? Les genêts d'or. Le défilé de Chabrières. L’Asse qui s'y faufile. Grandioses rochers. Barème, un peu lassant ces lignes droites en faux plat montant et du vent avant d'y arriver. L'arche du col des Lêques avant de redescendre sur Castellane. La statue sur le rocher, pas le temps d'admirer. Pas le temps de répit. Ça remonte sur le col de Luens et puis encore un avant de prendre la route de Gréolières. Quel paradis champêtre, prés verdoyants, ses étangs. Paradis des pique-niqueurs dans les sous-bois. La route en corniche plonge sur Gréolières, tout aussi accroché et splendide. Il faut encore chercher des forces du diable vauvert pour découvrir Coursegoules tout aussi joli et arrivé au col de Vence enfin. Un petit panneau de rien du tout. Tout ça pour ça. Plongée sur les pentes désertiques vers Vence, Cagnes-sur-Mer. Embrouillamini de route, d'autoroutes. Nice, les plages, les baigneurs à touche touche, le Negresco, pas de photos devant, trop fatigué. La basse corniche avant de prendre la montée du Mont Boron pour un final, chemin de croix, accompagné par les cigales jusqu'à l'auberge de jeunesse qui ouvre enfin ses volets. Nuit d'une traite allongée comme une souche morte malgré le bruit, malgré la chaleur.