Intro
Mercredi 25 Avril 2007
Les préparatifs de départ sont enfin terminés, nous devons être à Ancône Vendredi 27 à 14 heures, dernier délai, pour embarquer à 16 heures et joindre la Grèce par le port d’Igoumenitsa. Ce retour vers la Turquie a été programmé depuis peu, revoir les sites que nous connaissons et en voir de nouveaux, tel est notre projet. Pourvu qu’on n’ait rien oublié ! C’est chaque fois la même inquiétude et les mêmes questions qui reviennent, nous trouverons les réponses au fil des jours.
Partis à 9 heures, nous passons la Languedocienne, puis la Provençale. Que de camions sur cet itinéraire ! Le seul possible, pour nous qui venons du Sud. Le temps s’est mis au beau, mais le soleil est voilé.
Quelle est donc la fête commémorée par les Italiens qui empêche l’entrée des camions dans leur territoire ? Pour l’instant on ne sait, mais ça donne une impression de panique indescriptible. Ne pouvant circuler aux abords de la frontière, ils se garent où ils peuvent : le long de la bande d’arrêt d’urgence où c’est formellement interdit, sur les ponts, sous les tunnels. Les aires de repos débordent quant à elles et il nous est impossible d’y trouver la moindre place. On roule donc sans interruption jusqu’à 20 heures passées, au bord d’une fatigue extrême. Cette aire près de Genova où nous pouvons nous caser est la bienvenue. Nous sommes le Jeudi 26 Avril, un vent fou fait tourbillonner des rafales de pluie La toilette n’a pas eu lieu, on saute cet épisode, mais pas celui du déjeuner, bien reconstituant. Je me demande ce que sera notre route aujourd’hui avec tous ces camions arrêtés, tout autour de nous, bloqués toute la journée d’hier, pour cause de fête de l’indépendance et qui ne demandent qu’à bondir hors de leur stationnement imposé.
Tunnels, circulation folle, travaux en cours restreignant la largeur de la route et créant des bouchons, quel trafic ! Il y a des dizaines de kilomètres de camions, on fait la queue parmi eux, puis on double quand on le peut avec les voitures, pour s’intercaler à d’autres camions… Un vrai cauchemar que cette traversée du pays. Je crois bien que l’Italie a un besoin urgent de voies ferrées qui allégeraient ses routes complètement saturées.
Pour faire l’arrêt de nuit, c’est mission quasiment impossible, alors on roule jusqu’à la limite de nos forces. Le chemin parcouru aujourd’hui est impressionnant, mais on peut bivouaquer sur une aire à 30 kilomètres d’Ancône, tout étonnés de pouvoir nous glisser entre deux camions. On ne prend plus aucun poste, on n’a ni télé, ni journaux, on se pieute comme les poules.
Vendredi 27 Avril 2007
Aire de Senigalia, près d’Ancône. Le soleil est déjà levé bien qu’il ne soit que 6 h 45, mais la proximité de la mer rafraîchit l’air ambiant. Quelques camping-cars sont arrivés dans la nuit et ce matin les occupants dorment tous rideaux tirés, tandis que nous sommes prêts à partir à Ancône, un peu tôt peut-être, mais c’est pour essayer d’éviter la grosse cohue des entrées dans les villes. Erreur de parcours en périphérie, où les panneaux indicateurs « aéroport » et « porto » un moment ensemble se sont séparés alors que la direction est la même. Du coup ils nous font égarer et on en profite pour visiter la banlieue. Les premiers arrivés au port, c’est nous. On va attendre l’heure du départ près d’un bahut frigorifique, en marche et l’on doit fermer toutes les ouies malgré la chaleur intenable, pour supporter ce bruit infernal et continuel.
Peu à peu les passagers arrivent, automobilistes et piétons habitués et occasionnels, tous ensemble, sur l’aire d’attente.. Le spectacle est à quai, on ne s’ennuie pas une seconde. La ville d’Ancône étagée sur la montagne, avec ses clochers de bronze et ses arcades blanches fait un magnifique tableau que l’on regarde distraitement occupés à faire les dernières formalités.
Il y a maintenant un monde fou sur le quai et les autocars arrivés les derniers vont occuper les meilleures places dans le ferry…C’est bien ça le voyage en « open deck » économique, épatant si on arrive à se placer devant un vasistas, sinon !… Nous sommes installés à côté d’une remorque pleine de motos Japonaises multicolores et numérotées pour la participation à un rallye, devant nous il y a un camping-car avec un bébé que le jeune père fait téter assis sur le marchepied. Un peu partout se promènent en laisse des chiens gardiens de camping-cars. On ne moisit pas dans cet environnement et partons visiter le bateau que nous connaissons déjà puisque c’est le même qui fait cette traversée depuis que nous la faisons nous fouette le visage et nous fait regagner l’intérieur plus douillet. Une pièce vide est attribuée aux passagers sans cabine et occupée par des enfants, en balade scolaire, qui commencent à déballer leur sac de couchage pour la nuit. Il y a une ambiance monstre et une pagaille indescriptible. On traverse le magasin où l’on trouve toutes sortes de produits détaxés, donc économiques : alcools, parfums, bijoux, nouveautés, cristaux, mais ils restent quand même hors de prix, pour nous qui débutons un voyage. Ce sont souvent les produits français les plus inabordables, mais les marques sont prestigieuses, alors !…
On rejoint nos pénates au garage après avoir sillonné les couloirs et les salons, essayé quelques fauteuils et bu de la bière. Le disque solaire orange va se noyer dans l’eau de la mer Adriatique quelques terres émergées dressent leur profil à peine visible et on a cessé depuis un bout de temps d’apercevoir des navigateurs solitaires. La mer est calme, on mange un peu, la radio est toujours Italienne donc il faut vivre en cercle fermé. La jolie voix de notre hôtesse polyglotte nous conseille d’avancer d’une heure nos montres pour être à l’unisson de la Grèce, ce qu’on se garde bien de faire. On jette un coup d’œil à la carte, afin de se tracer l’itinéraire pour demain et on va dormir.
Samedi 28 Avril 2007
BON ANNIVERSAIRE DANIEL 16 ans aujourd’hui ! Quel parcours ! Il est 7 heures 05 à ma montre, 8 heures O5 en Grèce puisque à cause des fuseaux, il faut avancer nos pendules d’une heure. Ce qu’on ne fait pas. On va accoster à Igoumenitsa d’un moment à l’autre. Le temps est gris comme on l’a laissé de l’autre côté, on n’est encore qu’en Avril.
Nous voici en Grèce, sur la route vers Ioanina. Beaucoup de tronçons en travaux, financés par l'Europe se succèdent et ralentissent la circulation peu importante dans cet axe qui traverse le pays pour joindre la Turquie. Les vieilles routes se mêlant parfois aux nouvelles ainsi que les panneaux indicateurs compliquent le parcours et nous font redoubler d’attention. Après Ioanina, un trajet enchanteur s’élève au dessus du lac et offre de magnifiques paysages. Ce lac, semble dévoré par les algues qui s’étendent en îlots verts piquetés d’arbustes. Une île et quelques maisons occupent le milieu du lac, elle est reliée au continent par un bac qui fait la navette toutes les heures. Les difficultés pour s’arrêter prendre une photo ou simplement regarder, commencent à se manifester. Les rares accotements sont occupés par des vendeurs de légumes et fruits, ou par des kantinas donc on passe notre chemin.
Le paysage d’abord banal, devient montagneux et superbe vers le col de Katara où les sommets enneigés font une belle toile de fond au massif vert tendre qui vallonne au premier plan.
Il est une heure, l’estomac crie famine et il est toujours impossible de s’arrêter. On finit par trouver une petite terre plein grande comme un mouchoir de poche et qui peut-être sert de décharge. Ce n’est pas le moment de faire les difficiles, on y stationne. Dans l’appartement, misères en nombre. Renversement de divers objets dans le réfrigérateur, lait et jus d’orange celui-ci a formé sur le sol de larges flaques brillantes qui résistent à tous mes nettoyages.
Viennent se garer près de nous 2 voitures et caravanes, l’une Belge l’autre Néerlandaise qui s’installent toutes portières ouvertes. On est vraiment coincés et même si on le décide, on ne peut pas partir. Après le repas Jeannot commence les manœuvres pour se sortir de là en marche arrière. On espère un mouvement de leur part, mais rien …On finit par atteindre la route à force de persévérance, on peut enfin partir. Mais les voilà qui commencent à dégager sous notre nez et nous bloquer encore quel culot phénoménal !
On les a retrouvés l’après midi, accidentés au bord de la voie d’urgence. La première caravane ayant crevé un pneu, la voiture arrière lui est rentrée dedans, enfonçant le train arrière, jonchant le sol de feux rouges et autres objets pulvérisés. Mauvais début de vacances.
Lorsque survient la fin du jour, il faut bien chercher un endroit où dormir. A vrai dire on ne cherche pas encore tant la difficulté sera insurmontable, peut être la Providence viendra-t-elle a notre secours. Alors qu’il pleut des trombes, on est abordés par un camping-car du Cantal désirant se joindre à nous pour un bivouac nuit. Une plage en aménagement au bord de la mer Egée fait notre affaire. Bon sommeil, bien tranquilles.