Intro
Bouffées d'afrique
Terre divine du retour vers soi-même, vers le moi profond. Le 13 décembre 2007 A bord du bateau en provenance d'Almeria en Espagne, des visages lointains, des rides aux couleurs des terres arides m'accompagnent. L'Afrique est déjà là, avec ses enfants marqués par le temps. A Nador je plonge dans un autre monde, qui me manquait tant. Même le bruit des mobylettes ou des voitures rouillées par les années et le silence des bicyclettes m'émeuvent.« Les traits de vos visages sont pour moi un souffle de vie Marqués par les âges, les souvenirs, les ennuis Je sais dans vos yeux toute cette force Mes pères, mes aïeux, mon voyage s'amorce Je vous suivrai sur les sentiers de la connaissance. »
Fès, premières expériences marocaines. Visite de la médina, l'ancienne ville.La résonance de ces couleurs ocre a changé ma vision. Je suis happé par un autre temps, une autre époque qui m'assaille, comme si tout avait un autre goût, un arôme plus vrai !
Une journée là-bas, j'évite soigneusement la nouvelle ville à quelques kilomètres. Puis je choppe un bus pour Marrakech.
Marrakech, loin du tourisme, l'authentique
Marrakech, capitale du tourisme marocain, ville mythique du commerce et source infinie d'arnaques, pas question de m'attarder dans cette version marocaine de nos grandes villes françaises. Je m'apprête à fuir, la gare routière, véritable cour des miracles, me déprime. « Son turban cachait un sourire, un sourire vrai comme on en rencontre peu. » Une rencontre dévie mon itinéraire. Il avait une vingtaine d'années et un amour magique de la vie. Après quelques discussions, Mohamed m'invite à passer la nuit chez lui. J'ai le temps, j'accepte de le suivre : je vais peut-être enfin aborder une face cachée de Marrakech.
Chez lui, avec son petit réchaud à gaz, nous nous délectons de petits plats maison que nous mitonnons toute une journée. Autre activité : Mohammed me montre comment fabriquer le KIF !
A partir de sa modeste chambre d'appartement, pendant plusieurs jours nous nous lançons sur les grandes places, dans les souks, parmi les hommes aux serpents, les diseuses de bonne aventure, les danseurs travestis. Tous sur les dents, à l'affût du touriste. Je me lasse vite, j'ai plus besoin de spiritualité que de distractions futiles.
L'Aïd approche, c'est la fête du mouton, le moment où les Marocains rentrent dans leurs bleds en famille. Mohamed n'échappe pas à la règle et m'invite à le suivre dans son village natal, Skoura, à quelques kilomètres de Ouarzazate dans la chaîne de l'anti-Atlas.
les histoires commençent ...
Dans la région de Touama, montagnes et décors pittoresques, le vent se lève et souffle si violemment qu'au passage d'un camion il explose l'énorme pare-brise du bus et projette les miettes de verre sur les passagers des premières rangées. Pas de panique, il y a toujours une solution, système D : en quelques instants, on fixe une bâche pastique avec du gros scotch et des roseaux à la place de la vitre béante.
C'était indispensable et je m'en aperçois dès notre arrivée au sommet : il y a de la neige ! Honte sur moi, pauvre homme inculte qui pensait que le Maroc ignorait cette blanche couverture ! J'ai le souffle coupé, aucun rêve ne peut exprimer tant de beauté. Dans ces indescriptibles montagnes, l'immensité prend le cour et vous bouleverse. « Symphonie du monde au regard étrange, La sonorité du Maroc prend d'autres couleurs. Odeurs rouge ocre, vent sablé, épicé, sucré. Islam de l'accueil, terre de chaleur, Quand les pétales de ta flore courent, volent, virevoltent, dans la brise, Je me sens vivre, choukrane. »
Contraste entre la chaleur bienfaisante des journées et la rigueur des nuits, où le froid vous glace le sang. C'est en me pelant à Ouarzazate que je me souviens que rien n'est tout blanc ou tout noir. Sans le noir, le blanc n'existerait pas, sans le froid, pas de chaleur. De là, il faut un taxi 7-places (enfin, une petite voiture, quoi. Sept, c'est le nombre de passagers sans compter le chauffeur) pour poursuivre jusqu'à Skoura.
La famille marocaine me témoigne une chaleur humaine réconfortante - une fois l'habitude prise de voir les femmes voilées, ce qui me perturbait un chouïa. Pendant quatre ou cinq jours féériques, elle devient ma famille.Nous célébrons ensemble la fête du mouton, tous autour de la table, savourant la viande que toute la matinée nous avions cuisinée de mille manières.
Découverte des fours traditionnels.
. de la fabrication du charbon. et encore bien d'autres choses !
« Au réveil froid des nuits de l'Atlas, j'ouvre les yeux, le petit-déjeuner est servi, du thé, du pain une soupe bizarre que je ne pourrais décrire. Le repas avalé, le lit rangé, je digère dans le jardin et recouvre les évacuations d'air pour ralentir la combustion du charbon. Subitement, à ma grande surprise, il se met à grêler sous le soleil du matin ! »
C'était aussi cela le Maroc, un temps qui passe du tout au rien en un instant, des cultures qui se mélangent, vivre dans un oasis ou une montagne. quel bonheur !
Site Internet de l'auteur : http://afrikaroots.uniterre.com